L’Humanisme en action

Dans l’article Border Line, je vous parlais du méridien de Paris, matérialisé sous forme de médaillon qui traverse Paris du Sud au Nord.  Effectuons maintenant en détail notre traversée de Paris en commençant par le 14eme arrondissement. Les premiers Médaillons sont placés dans la Cité Internationale Universitaire de Paris (CIUP). Ce rêve utopique né après la première guerre mondiale s’est matérialisé et remplit son œuvre depuis presque 90 ans. Je vous décrirai dans une première partie le projet fou d’un homme entrainant derrière lui toute une dynamique communicative. Qu’a-t-il fait et comment l’a-t-il imaginé ? Dans un deuxième temps, je vous décrirai ce qu’est devenu ce projet et  quel est son avenir ?

A la fin de la 1ere guerre Mondiale, l’élan pacifiste de l’entre deux guerres a généré plusieurs projets. Emile Deutsch de la Meurthe, un nom comme ça ne s’invente pas, a eu l’idée de créer un site pour héberger et permettre aux étudiants de vivre dans des conditions optimales. Ce site a aussi la vocation de créer des liens d’amitié et de coopération entre les différents étudiants et chercheurs de tous pays.

En 1920, on décide enfin de détruire les Fortifs déclassées depuis 1882 et devenues un lieu de construction sauvage. Avec l’aide, entre autre, d’André Honorat, parlementaire et Ministre de l’Instruction Publique, ils se lancent dans le projet au moment où le gouvernement de l’époque souhaite augmenter le nombre d’étudiants à Paris.

Ainsi la rentrée 1925, juste en face du parc de Montsouris, voit la naissance de la première maison  qui porte le nom de son fondateur Emile Deutsch de la Meurthe. Et puis avec les années, le projet prend forme, petit à petit des opérations de fondations voient le jour : la Fondation Belge, puis l’Argentine, la Grande Bretagne, le Japon, le Danemark, la Suisse, les Provinces de France, la Fondation grecque et de Cuba. Allez, je ne vais pas vous faire une énumération, mais dans les années 30 s’ouvre la fondation américaine et Rockefeller va même jusqu’à financer la construction de la Maison Internationale, centre névralgique de la Cité qui regroupe l’administration, un théâtre, un restaurant, une bibliothèque. Ce bâtiment aux allures de  Manoir a été fait sur l’inspiration du Château de Fontainebleau.

L’intérêt du lieu réside aussi dans la diversité des constructions marquée par son époque, par le pays fondateur ou par un architecte célèbre comme Le Corbusier qui a construit la très moderne Fondation suisse qui date pourtant de 1933. Vous tomberez également sous le charme de la Maison du Japon tellement typique du Pays du soleil levant ou de la beauté religieuse de la Fondation Abreu de Grancher (pour les étudiants cubains) longtemps considérée comme la plus luxueuse.  Plus qu’une simple promenade, c’est un vrai tour du monde qui nous est proposé.

Le temps a fait son œuvre, les relations entre les pays ont bougé, les lieux ont également vieilli alors de nos jours que reste-t’ il de ce projet ? Continue-t-il de perpétuer l’œuvre de ses fondateurs ?

La seconde guerre mondiale ne freinera pas le développement de la CIUP et les accords avec des fondations ou Ministères de l’Education d’autres pays reprennent de plus belle dans les années 50. Plusieurs grains de sable vont pourtant venir contrarier son développement et sa gestion. Dans les années 60, le tracé du périphérique sépare l’église de la CIUP de sa zone initiale. La seconde maison des étudiants des Arts et Métiers se retrouve également séparée de la zone principale. Cela ne suffira pas à freiner le projet. Complètement délaissée par les étudiants dans les années 60, l’église du Sacré Cœur de Gentilly fut confiée à la communauté Catholique Portugaise en 1979. De son côté le deuxième bâtiment des étudiants des arts et métiers sera relié à la CIUP par une passerelle au-dessus du Périf. En 1968, Franco décide de fermer le Collège d’Espagne. Malgré cela l’édifice sera complètement rénové et ré-ouvert en 1987. La Maison du Cambodge, elle, dut fermer ses portes en 1973 à cause de troubles politiques. La gestion fut reprise par la Maison Internationale qui la rénova entièrement. Depuis 2003, elle accueille à nouveau des étudiants. Toutes les résidences sont régulièrement rénovées afin de permettre à tous les étudiants de bénéficier de conditions de vie décentes et d’avoir accès aux nouvelles technologies. La dernière maison, l’ex fondation de l’Iran, devenue Fondation Avicenne, actuellement fermée, devrait bientôt être rénovée afin de continuer son œuvre.

Ce bâtiment construit après le percement du Périphérique tient compte de cette nuisance et n’offre aucune ouverture sur cette autoroute urbaine. Son architecture ne la rend pas insensible. On aime ou on déteste mais ce projet de construction reste dans l’esprit de la CIUP en développant un projet novateur et complètement inédit pour l’époque.

En conclusion, la cité vit et continue son œuvre de partages et d’échanges entre les différents étudiants présents sur le site. Certains vous diront que les échanges ne sont pas aussi fournis qu’ils le souhaiteraient mais ils existent quand même. Si une maison est rattachée à un pays, elle ne peut accueillir que 75 % de résidents de ce pays. Les 25 % restants doivent être ouverts à d’autres résidents. Réservées actuellement  aux  étudiants de 3eme cycle, aux chercheurs ou aux artistes, les maisons proposent des espaces allant de la chambre aux 2 pièces en passant par le studio permettant à chacun de se loger en fonction de ses possibilités. La cité n’est pas fermée sur elle même. Elle propose également de multiples activités culturelles qui se tiennent régulièrement dans les différentes maisons ou à la Maison Internationale. Des projets de développement sont également en cours. On parle actuellement d’une prochaine maison de l’Ile de France, et des pourparlers sont en cours avec la Russie, Chine, Corée du sud et Colombie. Des initiatives comme celles-là font penser que tout n’est pas encore perdu. A l’aube de ses 100 ans, ce lieu d’exception est toujours à la pointe de l’innovation de du rapprochement des peuples. Alors n’hésitez pas à aller y faire un tour, par beau temps, la grande pelouse devient un petit paradis pour passer un dimanche inoubliable.

http://www.ciup.fr/fr

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