Quoi de plus beau qu’un lapsus : une liberté subite du cerveau qui tout à coup fait émerger une profonde pensée ; une échappée belle qui vous trahit sans peine ; une substitution langagière involontaire qui force le rire et non le respect ; une décharge affective incontrôlée qui vient submerger vos propos avec fracas ; une glissade, un glissement, un écoulement ne laissant guère de place que pour la gêne qui l’accompagne…
Nous avons tous encore en mémoire d’inconscientes erreurs produites par ces chers élus qui nous gouvernent ou ces médias qui nous dirigent.
À commencer par la célèbre «fellation quasi-nulle», prônée par Rachida Dati au lieu d’inflation… ou encore son fort joli «gode de bonnes pratiques» que l’on ne demande qu’à essayer.
Lapsus politicus
«À force de manier la langue de bois, les politiciens sont rattrapés par leur inconscient», déclare le journal Le Matin dans son édition du net, à l’occasion de la parution du premier chapitre d’un Lapsus politicus parfaitement prometteur, écrit par Patrick Levy-Waitz et qui révèle tout un florilège de Lapsus linguae.
N’oublions pas par exemple l’évocation du «paquet fiscal» de Nicolas Sarkozy, repris avec «alléchance» par les pseudoTV-journalistes présents (alors qu’un bouquet fiscal – adopté plus tard - eut été bien plus élégant), suivi d’une vérité vraie lâchée à la sauvette : «Une partie des Français se disent : au fond il fait une politique pour quelques-uns et pas pour tous… Si les Français croient ça et ils ont raison de le croire.» Rattrapé qu’il fut par sa volonté d’insister et de peser (voire enfoncer) chaque argument !
Plus récemment – aujourd’hui même -, l’horrible M. Guéant (dont le visage me rappelle ostensiblement le peine-à-jouir précepteur du film Barry Lindon de Stanley Kubrick), ministre de l’intérieur de son état, n’a-t-il pas déclaré, énervé, en réponse à une question de Manuel Valls (l’affreux roquet de la république PSienne) que «la délinquance a recruté en France depuis 2002». Ne serait-ce point là «reculé» ?
Nous avons par chance évité le pire. Car la grande majorité des lapsus se révèle d’origine sexuelle…
La preuve, toujours aujourd’hui même, sur I-télé, le journaliste sportif annonce qu’un ancien basketteur chinois, qui a décidé de se reconvertir dans le vin, présente «un premier cul produit dans la région de la Nappa Valley».
De même pour le «fichier d’empreintes génitales» (dixit l’exit Hortefeux), au lieu de digitales, histoire de mettre le doigt dessus…
Et que penser
Des députés invités à «durcir leur sexe» au lieu du texte (Robert-André Vivien, à l'occasion d'un débat parlementaire sur la classification des films X, en 1975) à la «baise» de l'impôt (Pierre Bérégovoy en 1992), du Premier «pénis» - ou Premier «Minus» (Jean-Louis Borloo) - en lieu et place de Premier ministre, du subtil «Il n'est point besoin d'être long devant vous pour parler de Georges Moustaku» (Jack Lang, remettant la médaille des Arts et des Lettres à Georges Moustaki) au bien pesé «Plus que jamais, il faut que les femmes se serrent les couilles…pardon, les coudes !» de Dominique Voynet : les exemples sont légion.
Et parfois même on s’embourbe : comme l’ancien publiciste Jacques Séguéla voulant expliquer le «complexe» (et non le contexte !) dans lequel il avait émis l’énormité : «Si, à 50 ans, on n'a pas une Rolex, on a quand même raté sa vie.»
«Saute» de langage
Ah je vous entends d’ici rire sous cape, vous gausser de ces petites confusions intimes… Comme si vous en étiez vous-mêmes à l’abri ! Mais que nenni ! Le lapsus frappe sans souci de condition sociale, sans distinction de richesse. Alors prenez garde, non, vous n’êtes pas à l’abri d’une «annale coïncidence», d’une «hausse des fellations sociales» ou encore d’une
Une amie, fort sujette à ces petits « saute » de langage, me rappelait ainsi il y a peu les exemples mémorables qui lui revenaient à la bouche :
- Le superbe «ah mais lèche-moi» : savant mélange de «laisse-moi» et «lâche-moi» lancé à la cantonade dans une cour d’école. Il pourrait être un magnifique exemple d’acte manqué si ce n’est qu’il fut lancé à l’âge encore un peu prématuré de 11 ans.
- L’original «sexe-cheveux», après la douche seulement, cela s’entend !
- L’étrange «bourrique à frates» à l’heure de se caler une dent creuse tard dans la nuit à la baraque à frites du coin de la rue.
- L’amusant «ça me vile soute» pour expliquer que telle chose l’agace assez vite…
Alors allez en paix (pet ?) braves gens car cette maladie-là, nul n’y coupe…